Pour un petit garçon, j’ai raccommodé les pattes d’un ours en peluche qui a fait un détour un peu violent dans les poubelles d’un parc. J’en ai laissé pleurer un autre qui a perdu toutes ses doudous le long de la 132 en s’obstinant à les faire traîner dans le vent. J’ai moi-même longtemps gardé une horrible chose baptisée tête de chien, chose dont je n’avais aucun souvenir précis, outre cette impossibilité à m’en débarrasser.
J’ai longtemps cru, pour résumer, que l’enfance venait avec son tatouage douceur de peluche, de polar ou de flanelle.
Et elle est arrivée. Libre. Attachée à rien et un peu à tout par le fait même. Elle s’exclame awwww devant chaque chose douce et mignonne qui croise son chemin, la serre contre son coeur, y montre un certain dévouement, avant de l’oublier au milieu de l’abondance. J’ai traîné dans chacun de nos déplacements lapinou, kangourou, petit chien, ours polaire, agneau mignon, espérant un peu qu’elle en vienne à réclamer quelqu’un pour mieux dormir. Mais rien.
Jusqu’au matin où elle a rencontré Popo, échoué sur ma table de nuit après une traversée de douleur.
Ma fille s’est attachée à un sac magique.