Il y a des lieux où on retourne seulement pour veiller des morts. Des lieux d’avant où la vie ne nous traîne plus que pour saluer le passé. J’ai parcouru les rues de Saint-Grégoire en attendant le service funéraire de quelqu’un que je n’avais pas vu depuis vingt-cinq ans.
Marchant dans les rues de Saint-Grégoire avec mon père, nous cherchions, souvent en vain, à faire coïncider nos souvenirs. Retrouver les raccourcis. Sans succès. Retrouver les maisons où nous avions passé du temps. Sans succès.
J’ai le prétexte d’avoir été une enfant. Mon père n’a pas tellement de prétexte, si ce n’est le temps qui passe et une époque où… En tout cas. Ça vous troue des mémoires, tout ça.
Sur le parvis de l’église, je n’ai pas reconnu les gens qui reconnaissaient en moi une enfant de dix ans. Sauf une femme qui elle, bizarrement, ne me replaçait pas. Pourtant, c’est très clair: son sourire, ses joues, sa voix.
J’ai espéré, quelques secondes, qu’elle me flatte les cheveux. Espérer autrefois.