J’ai été élevée dans le bois. Je vis près d’une rivière. Et pourtant, le fleuve m’habite.
Que nous a-t-il fait? Moins de mal, sans doute, que celui qu’on s’acharne à lui faire.
Il y a un bout que je vois plus souvent. Un bout qui se montre quand on quitte Québec en train vers Montréal. Chaque fois c’est comme une bulle d’air. Un appel vers la mer.
Après avoir pris cette photo-là, j’ai été prise d’un enthousiasme un peu déplacé et je l’ai envoyée à quelqu’un que je ne connaissais peut-être pas assez pour lui partager mes bouffées d’excitation. Il m’a répondu poliment: « Nous reparlerons de tout ça. »
Nous n’en avons jamais reparlé, donc je ne n’ai pas su ce qu’était « tout ça » : mon enthousiasme un peu déplacé ou ce qui se cache dans le fleuve ? Comme la promesse du souffle d’une baleine.
C’est peut-être les seules racines que je me connais vraiment.
Mes racines coulent.