Je regarde des photos d’elle et moi. Souriantes.
J’écoute des vidéos de son rire.
Ou un autre où elle danse sur une comptine que je ne connais pas.
Met les pieds, saute, saute, saute.
Je me rappelle avec quelle ferveur j’ai plié des pyjamas à une époque où je ne savais pas encore comment elle s’appelait. Ce prénom qu’elle offre à tous les passants, avec un enthousiasme débordant, comme si avoir un prénom – pouvoir le partager – était en soi un cadeau de la vie.
Je ramasse un biberon vide. J’ajuste une couverture. Je range des pantoufles de lapin.
Saute, saute, saute.
Assise sur une chaise pour enfants, dans le coin d’une chambre sombre, punie, je pleure notre journée de marde.
Sa chambre. Notre maison.
J’ai tout fait pour que ça existe. Je ferai tout pour que ça persiste. Comment est-ce possible d’être à ce point en colère? Je me surprends à tenir des discours que je m’étais jurée d’éviter.
Et assise, seule, à veiller son sommeil, je ne me rappelle plus très bien ce qu’elle a tant fait pour me mettre dans cet état.