Pas maison.
Une litanie. La douleur d’un petit chant d’exil. L’adulte qui tente de se contrôler, de ne pas symboliser, de ne pas ajouter de la grammaire autour de tout ça. Elle ne dit pas: je n’en veux pas de ta maison à toi. Elle ne dit pas: je ne veux plus jamais aller dans ta maison. Elle dit
Pas maison.
Une dizaine de jours à se pourrir le coeur – et les soirées – en batailles stériles pour finir par rentrer dans la maison. Notre foyer. L’endroit où nous attend quelque chose d’aussi basique que, disons, le souper. Une dizaine de jours à combattre l’évidence pourtant simplement exprimer
Pas maison.
Mon bébé devenu un Mowgli veut jouer dehors. On ne peut pas être contre. Je n’ai pas de dehors domestique à lui proposer. Comment faire? J’ai opté pour le pique-nique au parc. Mowgli s’épanouit, moi je rencontre plein de parents. Les bons soirs j’arrive même à lire quelques lignes d’un roman. Mais tout de même
Pas maison.
Déjà? J’aurais poursuivi quelques années encore ce mouvement intérieur, cette spirale concentrique entre un cow boy en plastique, quelques casse-têtes et quelques crayons magiques. Je l’écouterais plus souvent engueuler ses poupées comme pour tenter de comprendre d’où vient la colère de sa mère. J’aurais eu besoin de quelques mois encore de confinement. Mais non
Pas maison.
Mowgli veut découvrir le vaste monde et commence ça en essayant les balançoires des grands.